Un G7 qui tourne au cauchemar burlesque
Réunis dans un château en Allemagne pour leur sommet annuel, les dirigeants des pays du G7 s'installent en bordure d'une forêt pour préparer leur déclaration. À la nuit tombée, le groupe constate que le personnel qui les entourait a disparu. En voulant tenter de les retrouver, les sept politiciens s'enfoncent plus avant dans une forêt qui s'avère pleine de périls et de mystères.
“Rumours, nuit blanche au sommet est hilarant et merveilleux, se distinguant par la meilleure distribution d’acteurs jamais réunie, affirme Ari Aster (Hérédité, Midsommar), producteur exécutif du film, citant comme référence "l’esprit de Buñuel, des Monty Python et de la télévision survoltée des années 70”.
Présenté hors compétition au Festival de Cannes, Rumours, nuit blanche au sommet a surpris les spectateurs de la Croisette par sa tonalité singulière. Véritable ovni cinématographique, le film brouille les pistes : satire politique, comédie absurde ou film d’horreur bucolique ? Les rires, nombreux pendant les projections, ne doivent pas masquer l’ambition du projet, à la fois surréaliste et sensoriel. Mais ce qui fait aussi la force du long-métrage, c’est sa distribution internationale totalement improbable… et pourtant parfaitement cohérente ! De la chancelière allemande au président de la République française, découvrez les visages de leurs prestigieux interprètes !
Cate Blanchett est la chancelière allemande

Diplomate émérite, Hilda Ortmann mène les négociations d’une main de fer. Mais sous cette maîtrise politique, la chancelière allemande laisse peu à peu apparaître des fêlures fascinantes : paranoïa, séduction, peur de perdre le contrôle…
Actrice multirécompensée, impressionnante dans Blue Jasmine, Tar ou encore Carol, Cate Blanchett incarne avec finesse un personnage hautement symbolique, dans une performance à la frontière du ridicule et du tragique, accompagnée d’une touche d’absurdité que les spectateurs accueilleront volontiers. Productrice exécutive du film, Cate Blanchett joue également un rôle-clé dans la genèse du projet, offrant toute son expérience à cette fable politico-surréaliste.
Denis Ménochet est le président de la république française

Président de la République française au tempérament passionné, Sylvain Broulez se présente comme un homme d’action, prompt à hausser le ton, et secrètement jaloux de la prestance de sa voisine allemande Hilda Ortmann. Au fil de cette nuit mouvementée, sa façade semble être mise à l’épreuve, laissant entrevoir une profonde solitude.
Denis Ménochet, que les spectateurs ont pu applaudir dans des rôles intenses (Jusqu’à la garde, As bestas), incarne avec sensibilité ce personnage à fleur de peau, semblant toujours au bord du gouffre émotionnel. Il livre ici une performance brute, nuancée et particulièrement touchante.
Charles Dance est le président des États-Unis

Président des États-Unis auréolé de prestige, Edison Wolcott est un homme imperturbable, à la limite de l'insouciance. C’est dans cet archétype du leader qu’il pense pouvoir imposer l’ordre par la seule force de sa voix. Charismatique et stratège, il refuse de reconnaître l’étrangeté des événements qui l’entourent, s’enfermant dans un déni presque comique. Mais à mesure que le groupe s’enfonce dans la forêt, ses certitudes s’effritent…
Charles Dance, habitué à des rôles imposants (Alien 3, Game of Thrones, The Crown), joue ici avec sa propre image. Il distille une ironie savoureuse dans les failles de son personnage, entre arrogance bourgeoise et panique contenue.
Nikki Amuka-Bird est la première ministre britannique

Première ministre britannique au pragmatisme assumé, Cardosa Dewindt apparaît d’abord comme la voix de la raison. Dotée d’un sens politique affûté, elle tente de maintenir le cap alors que tout vacille. Mais son passé secret et tumultueux avec l’un de ses confrères pourrait-il faire vaciller son image immaculée ?
Nikki Amuka-Bird (Old, Knock at the Cabin) excelle dans ce rôle de femme de pouvoir confrontée à l’absurde. L’actrice offre à son personnage une complexité rare, entre force intérieure et calme légendaire. Dans cette nuit sans fin, elle incarne le désarroi lucide d’une élite en déroute.
Roy Dupuis est le premier ministre canadien

Laconique et énigmatique, Maxime Laplace, premier ministre canadien, tranche avec ses homologues plus volubiles. Il parle peu, écoute beaucoup, et semble suivre un rythme intérieur qui n’appartient qu’à lui, le tout dans une attitude comiquement dramatique.
Roy Dupuis (La Femme Nikita, Les Invasions barbares), grande figure du cinéma québécois, prête à son personnage une gravité naturelle. Fort de silences et de regards mélancoliques, c’est dans les interstices du non-dit que son personnage brille le plus.
Takehiro Hira est le premier ministre japonais

Premier ministre japonais méticuleux et posé, Tatsuro Iwasaki entre dans la forêt comme s’il se rendait en réunion : concentré, préparé, avec l’illusion de pouvoir tout rationaliser. Pourtant, très vite, son comportement glisse vers quelque chose de plus étrange. Il devient alors une figure contemplative, presque mystique, détachée des enjeux diplomatiques.
Mémorable dans Shōgun, Takehiro Hira est un habitué du rôle, puisqu’il a déjà eu l’opportunité d’incarner au cinéma le premier ministre japonais dans le tout récent Captain America : Brave New World. Cette fois, il apporte à son personnage une profondeur apaisante, entre rigueur et abandon, à tel point qu’il est impossible de savoir s’il comprend mieux que les autres ce qui se joue, ou s’il a simplement lâché prise. Un personnage secondaire en apparence, mais essentiel à l’équilibre du récit.
Rolando Ravello est le premier ministre italien

Premier ministre italien fébrile, Antonio Lamorte parle beaucoup, doute sans cesse, et semble toujours au bord de l’effondrement. Il veut plaire, convaincre, décider – mais ne sait plus vraiment dans quel monde il évolue. Pris entre l’angoisse et le besoin de reconnaissance, il devient le miroir grotesque de la vanité politique.
Rolando Ravello (Annalisa, Les Équilibristes) livre une performance tour à tour hilarante et touchante. Il embrasse avec justesse le ridicule de son personnage : une sorte de “clown tragique”, mais sincère. Derrière ses gesticulations, on perçoit une solitude profonde, un homme dépassé par une fonction qu’il ne maîtrise plus.
Burlesque et audacieux, Rumours, nuit blanche au sommet est à découvrir en salle cette semaine.