Le metteur en scène Alfred Hitchcock a tenté quatre fois d'avoir l'une des plus grandes légendes hollywoodiennes au casting de l'un de ses films, mais ses tentatives se sont toujours soldées par un échec. Pourtant, le réalisateur de Psychose ne tarissait pas d'éloges à son sujet, comme l'a récemment retrouvé Collider.
Dès 1939, Hitchcock déclarait dans Film Weekly : "J'aimerais diriger Gary Cooper. C'est un acteur qui convient parfaitement au type de film que j'aime faire. Cooper a cette rare faculté de pouvoir capter l'attention d'un public alors qu'il ne fait rien. À cet égard, il ressemble beaucoup à feu Gerald du Maurier, qui pouvait monter sur scène, faire tomber un grain de poussière de son épaule, étudier ses ongles pendant cinq minutes et faire tout cela de manière si dramatique et avec un timing si précis qu'il tenait le public sous le charme."
1ère tentative
MGM
En 1940, Hitchcock arrive aux Etats-Unis et travaille pour les producteurs indépendants David O. Selznick et Walter Wanger. Parmi les films de ces collaborations houleuses, il y a Correspondant 17, qu'Hitchcock tourne (comme Rebecca) dès 1940. Pour ce thriller d'espionnage, le réalisateur britannique veut Gary Cooper dans le rôle du héros, celui d'un journaliste américain envoyé en Europe un peu avant la Seconde guerre mondiale et se retrouvant dans une affaire autour d'un traité d'alliance secret.
L'acteur ne se voit pas dans un thriller et préfère aller tourner deux westerns, Les Tuniques écarlates de Cecil B. DeMille et Le Cavalier du désert de William Wyler. Il est remplacé par Joel McCrea. Cooper déclarera plus tard à Hitchcock avoir regretté sa décision.
2ème tentative
Deux ans plus tard, Hitchcock prépare Cinquième colonne, qui se déroule alors qu'une usine d'armements est incendiée et qu'un ouvrier y perd la vie. L'homme qui arrive le premier sur les lieux est accusé à tort de sabotage et s'enfuit. A nouveau, le réalisateur demande Gary Cooper dans le rôle principal et Harry Carrey dans celui de l'antagoniste, et à nouveau, il essuie un refus. Il tourne finalement avec Robert Cummings et Otto Kruger.
Cooper choisit plutôt d'interpréter le joueur de baseball Lou Gehrig dans le biopic Vainqueur du destin, rôle qui lui vaut une nomination à l'Oscar et remporte son premier Oscar du Meilleur acteur pour Sergent York, un autre biopic, situé cette fois dans le registre du film de guerre.
3ème tentative : le sort s'acharne
MGM
En 1947, C'est Le Procès Paradine que Cooper refuse, préférant à nouveau tourner un western pour Cecil B. DeMille, Les Conquérants d'un nouveau monde. Hitchcock se console avec Gregory Peck, qui incarne un avocat chargé de la défense d'une italienne accusée d'avoir empoisonné son riche mari, rendu aveugle par la guerre.
Round 4 (et dernier)
Le studio MGM met une option sur l'adaptation d'un livre, The Wreck of the Mary Deare et souhaite Hitchcock à la réalisation et Cooper et Burt Lancaster à la tête du projet. L'histoire était celle d'un remorqueur entraîné dans une affaire qui le dépasse et finit devant les tribunaux.
Pendant plusieurs semaines, le réalisateur travaille avec le scénariste Ernest Lehman à l'adaptation, mais n'arrive à rien d'autre qu'à "un film de procès ennuyeux". Il se rabat sur le sujet de La Mort aux trousses avec Cary Grant et Gary Cooper tourne le projet sous la direction de Michael Anderson et en faisant finalement face à Charlton Heston. Il sortira en France sous le titre de Cargaison dangereuse (1959).
Les deux hommes ne travailleront jamais ensemble. Cooper décèdera deux ans plus tard, et Hitchcock en 1980.